Il arrive souvent qu’une marque automobile soit attachée à une ville. C’est ainsi le cas de Ferrari à Maranello, de BMW à Munich ou de Bugatti à Molsheim. Il en est de même pour Motobloc à Bordeaux.


Et cependant, la marque automobile bordelaise de référence est née sous l’impulsion de deux armuriers foréziens, Charles Schaudel et son neveu Emile Dombret. Charles Schaudel donne naissance à Bordeaux dès 1895 à la marque des « Automobiles et cycle Schaudel ». Associé à son neveu Emile Dombret les deux hommes ont des divergences de vue dès la fin du 19° siècle et ils se séparent en 1901. Un an plus tard, Emile créé une nouvelle société, basée à Bordeaux-Bastide, qu’il baptise « Société Anonyme des Automobiles Motobloc » officialisant ainsi sa possession des brevets du système de bloc moteur qui propose, dans un seul carter, le moteur, la boite de vitesse et l’embrayage, une véritable avancée technologique déterminante qui sera reprise par tous les constructeurs.

Pour marquer son ancrage à Bordeaux, il appose le logo de la ville sur les calandres de ses voitures. Ambitieux et fort bien introduit dans les milieux financiers et industriels de la capitale girondine, Emile Dombret lance la production de belles voitures dont il n’hésite pas à démontrer la fiabilité dans les plus importantes courses automobiles mondiales telles que Paris-Madrid (1903), les Grand Prix de France (1907 et 1908) ou même New-York-Paris (1908).

En 1910, sur la base d’un châssis commun, Motobloc propose une voiture de tourisme, une fourgonnette de livraison et deux camions de 2 T et 2,5 T en sus des torpédos et limousines. La gamme est pléthorique quand la marque atteint son apogée, en 1913. La première guerre mondiale va obliger Emile Dombret à suspendre sa production pour consacrer les ateliers à la fabrication d’obus. À l’issue du conflit, Dombret quitte l’entreprise et Motobloc ne parvient pas à moderniser ses méthodes de fabrication pour produire en masse comme le fait, par exemple, André Citroën. L’usine propose dans les années 1920-1930 un large panel de véhicules reconnus pour leurs performances et leurs fiabilités mais malgré les affiches valorisantes imaginées par René Vincent, le constructeur entame un déclin inexorable jusqu’en 1933, date du premier dépôt de bilan qui marque la fin de la production automobile.

Après avoir proposé des moteurs marins et construit des camions pour l’armée, Motobloc est désormais intégré à la Société Générale Aéronautique, conglomérat de six avionneurs placés sur des créneaux spécifiques vivant de commandes publiques. La deuxième guerre mondiale amène de nouvelles commandes de munitions. Hélas, le nouveau directeur de l’établissement, Etienne de Lagarrigue est tué pendant la guerre et la reprise après le conflit est délicate.

C’est Jean Ligier, un ingénieur polytechnique, qui prend la tête de l’entreprise. Il a compris que la marque a deux avantages à mettre en valeur : un parc exceptionnel de machines-outils et un personnel ultra qualifié. Il va tenter de valoriser ces moyens techniques et humains en multipliant les domaines d’activité de Motobloc : machines outil, moteurs auxiliaires, systèmes réfrigérants, engins de manutention et surtout moteurs de motocyclettes et de cyclomoteurs.

Si l’usine de Bordeaux n’est pas équipée pour produire totalement des deux roues, elle est totalement adaptée à la production de moteurs en masse. À la fin des années 40′ – début des années 50′, de nombreux fabricants de cycles cherchent un partenaire motoriste. C’est le cas de la SCCM à Vichy (03). Avec l’appui du moteur Motobloc de 44 cm3, la gamme du constructeur bourbonnais prend un réel essor. Profitant de la notoriété de la marque bordelaise, SCCM et ses filiales en profitent pour commercialiser ses cyclomoteurs sous la marque Motobloc en complément de la gamme Riva.

Ensemble, ils développent un vélomoteur de conception révolutionnaire avec moteur positionné dans un cadre tubulaire bas et refroidi par tunnel d’air forcé. Il s’appelle Sulky. Malgré d’évidentes qualités, il ne parviendra pas à s’imposer sur le marché bouleversé par le départ des jeunes générations vers les combats en Algérie. Motobloc dépose le bilan de manière définitive en 1961.


Cinquante ans plus tard, un jeune bordelais, épris de motocyclettes et de cyclecars rachète la marque. Il trouve un écho favorable auprès de passionnés d’automobiles et de motos. Parmi ceux-ci, un historien qui multiplie les recherches et prend le risque de publier un ouvrage sur cette belle histoire mécanique. Ce fut un beau succès au même titre que les différentes expositions consacrées à la marque à Bordeaux, bien sûr, mais aussi au musée Autos/Motos & Cycles de Châtellerault et dans le cadre du célèbre Circuit des Remparts d’Angoulême.

Après avoir amassé un certain nombre de documents d’époque, l’association Motobloc dispose aujourd’hui d’un recensement très complet des modèles produits et de tout les véhicules encore existants. L’équipe de « l’Association Motobloc » s’est également mis en chasse de pièces historiques. Elle possède ainsi plusieurs cyclomoteurs (44cm3 et 65cm3) quelques motocyclettes (125cm3) et depuis peu une voiture type S4 de 1932 dans un très bel état d’origine. Cette dernière est en cours de restauration avec l’appui Club des mécènes du patrimoine en Gironde et la Fondation du Patrimoine. L’avenir de Motobloc est déjà en cours avec la création d’une nouvelle société et l’étude des prototypes de Scooters électriques baptisés « Sulk-e ».


Si cette aventure vous interpelle, ou si vous souhaitez y participer, n’hésitez pas à nous contacter (motoblocbordeaux@gmail.com).

Vous pouvez aussi faire l’acquisition du seul livre consacré à la marque (168 pages agrémentées exclusivement de photos d’époque) et vous le faire dédicacer si vous le souhaitez (www.albd.fr – 28 € + port).

Enfin si vous souhaitez être informé de l’avancement de nos projets et des manifestations mettant Motobloc à l’honneur, inscrivez-vous sur notre page Facebook.

À bientôt donc.

Jean-Luc Fournier


AUTOMOBILES MOTOBLOC, La marque Bordelaise
Auteur : Jean-Luc Fournier
Editeur : Editions ALBD
Publication : janvier 2015
Relié : 168 pages